Par Jean-Charles Gros : Le calotype ou talbotype du nom de l’autre inventeur de la photographie « Henry Fox Talbot » n’est simplement qu’une feuille de papier rendue translucide et recouverte d’une émulsion sensible à la lumière pour former un négatif.
On doit donc à Talbot avec l’invention du calotype rien de moins que la mise au point du procédé négatif/positif en faisant entrer dès 1834 / 1840 la photographie dans l’ère moderne.
Contrairement au daguerréotype qui ne produisait qu’une épreuve unique et inversée sur une plaque de cuivre recouverte d’argent, le calotype permet la multiplicité des tirages sur une variété de support papier. C’est donc le premier négatif remplacé quelques années plus tard par la plaque de verre puis par le film utilisé encore de nos jours dans le procédé argentique.
Très vite le calotype est plébiscité par les photographes et les artistes comme Gustave le gray, Banquar- Evrard, Niepce de saint Victor, Le Secq, Bayard et tant d’autres. Ils en comprennent l’intérêt en termes de possibilités d’interprétations et de facilité de mise en œuvre. C’est d’ailleurs le calotype qui est à l’origine du premier livre illustré de photographies (The pencil of nature) de william Henry Fox Talbot).
Avec le daguerréotype, la photographie était une technique neuve, avec le calotype elle devient de surcroit esthétique, originale et innovante et ouvre les portes à l’impression d’ouvrages où les photographies seront présentent.
Elles seront dans un premier temps directement collées sur les pages des livres (se sont les plus recherchées par les bibliophiles et plus tard par procédé d’impression photo mécanique (héliogravure, phototypie…)
C‘est donc Talbot qui trouve le moyen d’impressionner sur une feuille de papier l’image obtenue dans une chambre noire et d’en multiplier les épreuves par tirages, principe de base de la photographie. Les opérations se faisaient en deux parties distinctes : la « ioduration » et la « nitrisation » du papier. Pour cela ils versaient dans une cuvette une partie de bromure de potassium , 25 parties d’iodure de potassium et le tout dans 500 ml d’eau distillée, le papier était plongé pendant quelques minutes dans ce bain. Lavé et sécher il se conservait indéfiniment mais ne devenait sensible que dans le bain suivant de nitrate d’argent. Le papier s’utilisait à l’état humide. Plus tard le procédé fut amélioré et permit une utilisation à l’état sec beaucoup plus pratique pour la photographie en extérieur. Les premiers reportages et expéditions photographiques peuvent dès lors se faire.
Le papier était rendu translucide en le cirant pour permettre le tirage qui se faisait lui par contact. L’épreuve positive se tirait avec le procédé au papier salé ou albuminé.
Outre l’intérêt évident d’un tel procédé à l’époque pour les précurseurs de la photographie, le rendu particulier des images calotypes offre aussi pour l’artiste d’aujourd’hui un champ d’expérimentation important, multiplié si on le conjugue avec les possibilités du numérique. S’Il est tout à fait loisible bien sur de reprendre les formules et savoir faire des années 1850 et d’utiliser une chambre photographique de grand format, il est tout à fait possible aussi d’imprimer un négatif jet d’encre issu d’un fichier numérique sur papier de 7O à 90 grammes et de ciré le papier pour le rendre le plus transparent possible. Il faut pour cela l’imbiber de cire, en râpant une petite quantité et en la faisant fondre avec un fer à repasser au travers de plusieurs feuilles de papier. Une fois le négatif obtenu suffisamment transparent et sec, on peut passer au tirage en utilisant un des procédés alternatifs comme celui de la gomme, du cyanotype, ou celui du papier salé, albuminé comme à l’époque voir de faire un tirage sur papier argentique.
C’est le caractère si particulier du calotype qui intéresse les photographes contemporains en recherche d’une œuvre authentique et singulière. C’est aussi porter une attention toute particulière aux procédés alternatifs qui permettent à l’artiste d’affirmer sa différence. Jean-Charles Gros
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