Pas facile de composer ses images dans l'action : voici la boite à outils pour réussir vos compositions photographiques.
Un exemple en vidéo d'une composition "l'œil au viseur".
Sur le terrain, le photographe qui travaille sur le vif semble composer ses images instinctivement. Je dis « semble » car en réalité, un ensemble de mécanismes conscients et inconscients se mettent en mouvement pour aboutir à la prise de vue. Tout au long de ma carrière, j'ai voulu comprendre "l'acte photographique" afin d'enrichir mon langage graphique et d'éviter l’écueil des clichés esthétiques. Lorsque je travaillais au magazine Grands-Reportages, Pierre Bigorgne, le rédacteur en chef, laissait les photographes libres de leurs modes d'expression tant qu'ils restaient cohérents avec le sujet. Pour donner un exemple, si l'on faisait un reportage sur les fêtes du nouvel-an dans la vallée himalayenne du Spiti on évitait de faire la photo d'une montagne enneigée que l'on aurait pu voir dans les Alpes ou dans les Andes (surtout au temps de l'argentique où les films étaient comptés). La pertinence par rapport au thème est bien sur l'un des principaux mécanismes d'intention de la prise de vue. Néanmoins, le photographe ne se peut se contenter de cadrer son sujet, il doit composer une image pour lui apporter une force d'expression graphique. L'art de composer l'œil au viseur, parfois le temps d'un éclair, est avant tout une affaire de pratique. Il y a toutefois une condition préalable : il faut avoir intégré les bases de la composition picturale au point de pouvoir les faire siennes.
La meilleure méthode pour l'apprentissage du langage pictural est de se plonger dans l'histoire de la peinture, depuis l'art pariétal jusqu'à l'art actuel. On ne peut se contenter d'un "j'aime" ou "je n'aime pas". Il faut faire l'effort de décrypter les œuvres en dépassant sa sensibilité de prime abord et confronter son analyse aux commentaires des experts et aux dires des artistes. Les critères d'appréciation évoluent alors et notre capacité à jouir des œuvres s'en trouve décuplée. Pour le photographe de terrain, ce bagage ne résout pas la question de l'instantané. L'une des solutions consiste à établir une grille d'analyse pour faire de la situation une matière créative et non un environnement que l'on subit. Voici quelques points clés que le photographe doit prendre en compte pour composer ses images en situation de prise de vue :
La lumière : Elle est douce ou contrastée, cisaille ou enveloppe... il est souvent impossible de la choisir. En revanche on peut adopter un point de vue qui change sa nature avec une large palette d'éclairages possibles depuis le contre-jour jusqu'à la pleine lumière.
L'action : Ce n'est pas toujours simple, mais il faut essayer de l'anticiper pour se positionner et être prêt à déclencher lorsqu'elle se produit. L'anticipation de l'action et la prévisualisation du cadrage est la technique de base de la photographie d'action. C'est pourquoi les professionnels sont très souvent spécialisés. Par exemple, le joueur de tennis saura anticiper les actions de jeux en photographiant un match ou encore, le photographe animalier qui est de surcroît ornithologue saura mieux qu'un autre anticiper le plongeon du balbuzard pêcheur, etc.
Identifier les points forts d’intérêt : Ce sont les éléments qui attirent le regard par leur nature en tant que représentation du réel. Il y a les points forts principaux qui généralement constituent le sujet mais il ne faut pas oublier les points forts secondaires. Par exemple, vous photographiez une stalactite qui est le point fort d’intérêt principal de votre image. La présence d'un point fort d’intérêt secondaire comme la silhouette d'un spéléologue qui donnerait une échelle peut enrichir la composition.
Identifier les points forts graphiques : Ce sont les éléments qui attirent le regard par leur nature graphique comme une haute lumière ou encore un point rouge sur un fond bleu... Ce sont généralement des zones de contrastes ponctuels. L'esthétique conventionnelle de la photographie cherche à associer les points forts d’intérêts et les points forts graphiques.
Identifier les lignes de force : Elles forment le squelette de l'image. En photographie et en particulier au grand-angle, elles sont très souvent associées à la perspective. En composition classique, les lignes de forces relient les points forts entre eux.
Contrôler le cadre : Même en pleine action le photographe doit faire le "tour du cadre" pour s'assurer de l'absence d'éléments indésirables dans la périphérie de l'image. On peut vouloir une composition dite fermée, où le regard reste dans le cadre ou une composition ouverte qui laisse le regard sortir du cadre. Cette dernière étant plus difficile à composer.
La couleur : Comme pour toutes les espèces, la vision colorée s'est développée tout au long de l'évolution pour répondre aux nécessités de la survie. Aujourd'hui, les impressions que les couleurs produisent en nous sont corrélées à notre nature primitive selon des processus subtils et complexes. Les règles d'harmonie des accords de couleurs trouvent leur fondement dans l'histoire de nos origines.
Ces sept points constituent une boite à outils de base qui permet au photographe de composer ses images dans toutes les situations et en gardant l’œil au viseur.
La composition photographique dans le livre Grand-Angle
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