Le négatif numérique a donné une nouvelle impulsion à l'art du tirage par contact utilisé pour les procédés photographiques anciens et alternatifs tels que le cyanotype, le vandyke, le papier salé, le charbon, le platine palladium...
Pas si lointain le temps où les photographes devaient agrandir des diapositives sur des films argentiques pour obtenir des négatifs aussi appelés contretypes, destinés au tirage contact.Certains comme Irvin Pen n'hésitaient pas à faire deux ou trois négatifs qu'ils utilisaient successivement sur un même tirage pour obtenir la plus large palette de gris possibles.La plupart des procédés photographiques comme le cyanotype, le kalitype le charbon, la papier salé & albuminé, l'excellent platine palladium.... sont sensibles aux seuls ultraviolets et se font par tirage contact. Le négatif utilisé pour le tirage doit donc être au format de celui-ci. Les photographes ont redoublé d'ingéniosité pour trouver des techniques pour produire des négatifs agrandis de leurs image, l'agrandissement d'une diapositive sur film est l'une d'elles mais est est loin d'être la seule... Quelle que soit la méthode utilisée, l'affaire est des plus complexes car chaque procédé requiert une gamme de densité spécifique et le contrôle d'un négatif argentique exige beaucoup de savoir-faire.
L'apparition du négatif numérique a ouvert de nouveaux horizons au photographe désireux de se lancer dans les procédés par tirage contact. Le processus de production est des plus simple : le négatif est préparé à partir de la photo numérique avec un logiciel de traitement d'image puis il est imprimé au format désiré sur un support transparent.Cette simplicité apparente cache en fait une difficulté : les densités du négatif numérique doivent être réglés spécifiquement pour chaque procédé photographique et support (papier ou autre).
Le négatif doit être "linéarisé" pour être conforme à la réponse sensitométrique. La linéarisation est un traitement numérique du négatif qui permet de produite un tirage avec une gamme de densités sinon identique au moins proche, de image positive originale. La bonne nouvelle est que ce réglage se fait avec les courbes, un outil de base commun à tous les logiciels. Une courbe permet de modifier point par point les densités de l'image. C'est un graphique en deux dimensions avec une ligne dite de contrôle sur laquelle on place des points qui peuvent être déplacés, modifiant la trajectoire de la ligne qui forme alors une courbe. L'axe horizontal représente les valeurs de gris d'entrée soit avant réglage et l'axe vertical les valeurs de sortie soit les valeurs après réglage. Lorsque l'on affiche l'outil, la ligne de contrôle suit la médiane avec les valeurs d'entrée égalent aux valeurs de sortie. Si l'on place un point sur la ligne à un niveau de gris donné et qu'on le déplace vers le haut ou vers le bas, le niveau de gris sera plus clair ou plus sombre. On peut placer autant de points que l'on souhaite. Il faut tout de même éviter les trajectoires trop heurtées. La courbe doit avoir une forme globale lisse et régulière. La précision du réglage est d'autant plus importante que l'histogramme de l'image s'affiche en fond de graphique, c'est une information cruciale pour construire la courbe de négatif numérique d'un procédé à partir d'une charte de gris. Ainsi, un photographe qui pratique quatre procédés en utilisant trois qualités de papiers aura construit douze courbes de linéarisation correspondants aux différents couples procédé/papier. Les logiciels permettent d'enregistrer les réglages, il suffira donc au photographe de charger la courbe correspondante à son projet de tirage pour produire le négatif. S'il doit changer de papier ou tout autre paramètre, il devra réajuster la courbe la plus proche. Une opération simple et rapide lorsque l'on comprend et maîtrise la procédure de construction d'une courbe. Plus le photographe sera en mesure de produire ses propres courbes, plus il assurera la qualité et la constance de ses tirages.
L'exigence de précision n'est pas la même pour tous les procédés. Le platine-palladium avec ses gris délicats oblige à avoir des négatif parfaitement adaptées alors qu'une épreuve à la gomme multicouche peut être contrôlée par la mesure des pigments laissant ainsi une marge pour les densités du négatif.
En regard de ce que pouvait être la production des contretypes argentiques, le négatif numérique est relativement simple à réaliser avec une précision sans égale. Il rend les procédés photographiques beaucoup plus accessibles. Avec le négatif numérique, les artiste-photographes peuvent véritablement trouver un médium d'expression dans le tirage de leurs images. Jean-Baptiste Rabouan
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